Période
3e quart XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Les parties suivantes du domaine du château du Marais : le château proprement dit en totalité, la cour d'honneur avec ses pavillons, les douves, les façades et toitures des communs, le sol de la cour des communs, le jardin à la française, et le parc boisé, y compris l'avenue plantée d'arbres qui va de la route au château et tous les plans d'eau, le tout figurant au cadastre sous les n° 656, 657, 658, 659, 660, 661, 662, 663, 664, 665, 666, section A : classement par arrêté du 26 mars 1965
Origine et histoire du Musée du Château du Marais
Le Domaine du Château du Marais est situé à Val‑Saint‑Germain, près de Saint‑Chéron, dans l'ancienne province du Hurepoix, aujourd'hui dans l'Essonne, à 36 kilomètres au sud‑ouest de Paris. Bâti sur la rive de la Rémarde, qui alimente le bassin du parc, il occupe l'emplacement d'un ancien château‑fort appartenant à la famille Hurault. L'édifice actuel, conçu par l'architecte Jean‑Benoît‑Vincent Barré pour Jean Le Maître de La Martinière, est considéré comme l'un des plus remarquables châteaux de style Louis XVI en région parisienne. Boni de Castellane soulignait la logique et l'équilibre de son architecture, remarquait que le salon d'honneur occupe le centre du plan et que les pièces se succèdent selon une hiérarchie d'ornementation. Édifié à l'extrémité orientale d'une plate‑forme entourée de fossés en eau, le château conserve aux angles nord‑ouest et sud‑ouest deux petits pavillons à l'emplacement de ceux de l'ancienne cour. Le corps principal, double en profondeur, suit un plan rectangulaire ; ses toitures et légers décrochements évoquent les volumes traditionnels du XVIIIe siècle, avec un avant‑corps central de cinq travées et des avant‑corps latéraux d'une travée. La façade sur cour présente un portique de quatre colonnes doriques colossales, surmonté d'un attique à fronton et d'un dôme carré inspiré du Pavillon de l'Horloge du Louvre, tandis que la façade sur jardin adopte des pilastres composites et un toit en pavillon aplati, d'aspect plus classique. Au nord, une plate‑forme accueille les communs anciens, conservés, modernisés et unifiés ; un vieux colombier subsiste à l'angle nord‑ouest et un pont franchit le fossé pour relier les communs au château. Le parc, transformé à l'anglaise au début du XIXe siècle, a été recréé par le paysagiste Achille Duchêne entre 1903 et 1906 pour Boniface de Castellane : il a élargi un ancien canal pour constituer la grande pièce d'eau alimentée par la Rémarde et dessiné, à l'est, des parterres à la française sur une plate‑forme entourée de fossés. Le château de la fin du XVIIIe siècle conserve un rare mobilier Louis XVI estampillé ; ses jardins à la française, le musée Talleyrand, le musée Chateaubriand et l'orangerie ne sont plus ouverts au public. L'histoire du site remonte aux travaux de défrichement et d'assèchement réalisés par les moines de l'abbaye des Vaux‑de‑Cernay au XIIe siècle ; le premier seigneur connu fut Jean de Saint‑Germain en 1282, et un manoir est mentionné en 1397. Au XVe siècle les domaines furent réunis et Antoine de Vigeais remit de l'ordre en construisant un deuxième château. Un inventaire de 1507 décrit un bâtiment modeste qui fut acheté en 1516 par Jean Hurault, lequel l'agrandit et planta le parc ; la famille Hurault conserva le domaine jusqu'en 1706. Vers 1620 Louis Hurault fit édifier un troisième château composé d'un grand corps de logis précédé d'une vaste cour fermée par deux pavillons carrés et accessible par un pont de pierre ; le parc comportait parterres, bosquets, avenues, une grande pièce d'eau et un canal. Aujourd'hui, des communs de cette époque subsistent et ont été transformés en musée. En 1706 Pierre Henry Lemaître acquit le domaine et fit d'importantes réparations, probablement sous la direction de l'architecte François Debias‑Aubry. En 1767 les héritiers le vendent à Jean Le Maître de La Martinière, qui fit raser l'édifice antérieur en 1772 pour édifier le château actuel ; la construction par Barré s'est déroulée entre 1772 et 1779 et le luxe des aménagements surprit les contemporains. Parmi les meubles figura une rare commode d'inspiration chinoise estampillée, mentionnée dans l'inventaire après la mort de La Martinière et vendue en 1994. La propriété passa ensuite par successions familiales, notamment à Adélaïde Prévost, Caroline Molé, Clotilde Molé puis à Clotilde de La Ferté‑Meun et à la maison de Noailles, avant d'être mise en vente à la fin du XIXe siècle. En 1897 le comte Boniface de Castellane acheta le château ; après leur divorce, Anna Gould conserva le domaine et l'unit à la maison de Talleyrand‑Périgord par son mariage avec Hélie de Talleyrand‑Périgord. En 1914 une salle de bains ornée de céramiques de la maison Gentil et Bourdet fut installée. Le domaine passa ensuite à Violette de Talleyrand‑Périgord, puis par mariage à la famille Pourtalès et enfin à Gaston Palewski, qui aménagea un musée dans les communs ; le site a été partiellement classé au titre des monuments historiques le 26 mars 1965. Après transmissions familiales, les familles Frotier de Bagneux et Pourtalès ont vendu le château en juin 2022. Une vente aux enchères de novembre 2022 dispersa une partie du mobilier, dont vingt‑deux assiettes de Sèvres issues d'un service présenté au Louvre en 1826. En juin 2022 le milliardaire tchèque Daniel Křetínský, associé à Jiří Šmejc, a acquis le domaine pour 43 millions d'euros ; la mairie de Val‑Saint‑Germain n'a pas exercé son droit de préemption. Les nouveaux propriétaires projettent d'en faire un hôtel de luxe et de développer des activités équestres sur les quarante hectares du parc, avec des travaux de rénovation intérieure confiés à l'agence Perrot et Richard et prévus pour durer au moins quatre ans. Ces projets devront respecter le Code du patrimoine, puisque le château, une partie du parc boisé et tous les plans d'eau sont classés monuments historiques, et la propriété est désormais fermée au public. Le château a été utilisé comme décor pour la série Netflix La Révolution. Parmi les hôtes célèbres qui séjournèrent au Marais figurent Florian, Charles‑Maurice de Talleyrand‑Périgord, Sainte‑Beuve, Prosper Mérimée, François‑René de Chateaubriand, Arthur Wellesley de Wellington et Gaston Palewski, qui est mort au château.